Viva la moustacha !

C’est bien quand vient de s’achever le Movember qu’il faut s’intéresser aux moustachus. C’est possible grâce aux 30 moustachus qui n’ont jamais rien fait de mal, nouveau livre aux éditions du Contrepoint (dont on aimait déjà les manuels de poésie pratique), signé Gonzague Dupleix et illustré par Sidonie Mangin.

On vous sent impatients : quels sont ces moustachus qui n’ont jamais fait de mal à personne, alors que cet attribut capillaire est si souvent associé à Staline, Hitler, Pinochet, Saddam Hussein et compères ? Eh bien, par exemple, Groucho Marx, Jean Rochefort, Lech Walesa, Dali… Mais aussi de plus inattendus, tels Ned Flanders (type râteau), Mario (type brosse), Ron Jeremy (type russe) ou Grumpy Cat himself (type, naturellement, vibrisses). On pourra également y réviser son Bronson (« plus il la rase, plus il la repousse, la salope »), son Omar Sharif (« embauché sur Lawrence d’Arabie grâce au refus d’Alain Delon »), son Sacha Baron Cohen (à qui l’auteur attribue l’origine de la vague hipster —Borat étant sorti en 2006, force est de constater que ça colle) et son Jean Rochefort (qui confiait au Progrès : « Sans moustache, j’ai l’air de ce que je suis, une vraie saloperie, un faux-derche sans lèvres (…) Je n’ai pas eu de vie sexuelle tant que je ne l’avais pas laissée pousser »). Difficile pourtant d’imaginer moustachu plus sympathique que le monsieur !

Les 30 moustachus qui n’ont jamais fait de mal à personne se dégustera idéalement dans les transports en commun, car c’est un livre divertissant et joyeusement mis en page, mais aussi parce que le plaisir de la lecture pourra se redoubler de celui qui consiste à imaginer les personnalités de vos voisins cultivant la pilosité faciale. Il peut également s’offrir, mais à quelqu’un que vous voyez plus souvent qu’à Noël, car si entretemps il s’est rasé la moustache, le présent risque de tomber à l’eau.

Bonus : Dans la même collection « Palmarès », Stéphane Legrand au texte et Simon Roussin au dessin nous proposent un point sur Les 30 écrivains qui n’ont jamais donné suite, ces auteurs qui signent un texte, et basta : on y trouve Laclos et sesLiaisons Dangereuses, Salinger et L’Attrape-Cœur, Saint-Simon et ses Mémoiresainsi que John Kennedy Toole et La Conjuration des Imbéciles… Mais aussi Christine Angot, Marc Lévy ou Éric Chevillard —la mauvaise foi est donc de la partie, ce qui tombe bien : sans elle, point de littérature (vous êtes cordialement invités à critiquer cette dernière affirmation dans les commentaires, mais sous le format thèse/antithèse/synthèse de préférence).