Ce qui s’est dit… le 07/01/2014
“Tweets” n’a pas échappé
à Veille digitale
La jeune maison d’édition Contrepoint s’est choisie pour ligne principale de « confronter un sujet à un mode d’exploration différent ». Pour plonger au cœur des fils Twitter, et comprendre l’influence de ce phénomène sur l’histoire, Le Contrepoint a fait appel à deux auteurs, Olivier Tesquet, journaliste spécialiste des questions numériques pour plusieurs supports de presse, et auteur de Comprendre Wikileaks (Max Milo, 2011) et Christelle Destombes, community manager.
Comment embrasser l’écriture de l’histoire au cœur d’un réseau social aussi profus et fluctuant que Twitter si ce n’est en partant du postulat que « le bruit a quelque chose à dire », ainsi que le stipule O. Tesquet dans l’introduction ? Comment extraire du sens si ce n’est en choisissant de s’arrêter sur quelques tweets ou quelques twitteurs présumés influents ? L’ouvrage se présente donc sous la forme d’une cartographie regroupant 47 thématiques, disparates et hétéroclites, rejoignant ainsi la caractéristique principale de Twitter, celle d’être un média non linéarisé. Au-delà de l’aspect ludique qui permet au lecteur de grappiller et de glaner des informations comme le ferait un utilisateur amateur de Twitter, les auteurs fournissent une vision kaléidoscopique d’un corpus global, considérant qu’en tant que « rhizome », chaque micro-message émis sur Twitter est relié à tous les autres.
Ainsi a-t-on accès à 47 « arrêts sur tweet », proposant un décryptage, argumenté et illustré d’infographies, du contexte dans lequel ces tweets ont été écrits, leurs retombées, et leur signification du point de vue historique. Comment sont formulés les tweets de Tsahal et quel est leur objectif ? Qui tweete pour le Pape ? Comment le compte d’Oprah Winfrey est-il devenu occasionnellement un support de micro-réclame publicitaire ? Des réponses à ces questions, et des commentaires y afférant, se dégagent moins la question de l’écriture de l’histoire que les enjeux souterrains qui animent Twitter. Car à travers ces focus abordant les domaines politique, culturel, sociétal, les auteurs s’interrogent sur la manière dont Twitter relaie certains éléments plutôt que d’autres, ce qui reste et ce qui s’évapore, ce qui a un impact et ce qui n’en a pas. De la sorte, l’année 2013 est passée en revue, mais les auteurs exhument également les tendances de la future année 2014.
L’autre intérêt de l’ouvrage réside en ce qu’il propose également un palmarès des acteurs 2013 de Twitter (les chiffres ont été actualisés au 1er décembre 2013), Barack Obama, Justin Bieber, Kim Dotcom, etc. posant de fait la question de la conjonction entre l’influence de certains tweets et celle de leur émetteur, et par extension de l’importance relative du contenu émis.
Cependant, à la lecture de ce texte, il est légitime de se demander ce qui aujourd’hui « fait » l’histoire : sont-ce les individus, aussi influents soient-ils ? Les événements ? La manière dont ils sont relatés et stipulés ? Autant de questions que les historiens se sont toujours posées, mais dont l’usage de Twitter (et des réseaux sociaux en général) renouvelle la portée. Et si l’interrogation de départ, « l’histoire s’écrit-elle en 140 caractères » reste entière, cet ouvrage démontre qu’en tout cas, une nouvelle lecture de l’histoire se fait jour.
Tweets L’histoire s’écrit-elle en 140 caractères ?
Olivier Tesquet / Christelle Destombes
Contrepoint
2 janvier 2014 / 14,90 €