Ce qui s’est dit… le 06/10/2017
Nectars avec Jean-Claude Ellena
Dans son bureau, papier et crayon lui suffisent pour créer un parfum. Il faut qu’il raconte une histoire. Dans son métier, il faut les mots.
Premier à introduire l’odeur de thé dans les parfums, Jean-Claude Ellena attribue sa réussite « aux rencontres, au travail et à sa femme » et avoue ne pas se parfumer, par souci « d’être le plus neutre possible ». Seule concession, il porte ses essais sur le point d’aboutir pour voir leurs imperfections, féminins, masculins, sans distinction. « L’idée de mettre un genre sur les parfums est récente et commerciale », révèle-t-il, malicieux. Amateur des « odeurs de peau », il rêve que les parfums ne soient pas portés, parce qu’il les voit comme des œuvres artistiques. Pour lui, le secret, ce n’est pas de sentir, c’est d’avoir de la mémoire. C’est ce qui prend énormément de temps dans la vie d’un nez : se charger en senteurs qui seront mémorisées par le cerveau. Désormais avec le temps et l’expérience, non seulement il peut sentir l’odeur, mais il peut aussi faire des constructions mentales. Grande figure de la parfumerie contemporaine, parfumeur exclusif de la maison Hermès, dans son livre de souvenirs, « L’écrivain d’odeurs », Jean-Claude Ellena revient sur ses quarante ans de carrière, dévoilant les facettes multiples d’une profession méconnue devenue trop souvent prisonnière du marketing.