Ce qui s’est dit… le 24/11/2015
« Des poètes pour répondre aux armes »
Mais comme on le sait depuis une dizaine de jours, la capitale n’a pas vibré au son des fêtes. Les Éditions du Contrepoint posent alors un constat, commun à tous : « Personne ne s’attendait à ces coups-là. La violence, les morts, les blessés, la liste des victimes, l’incompréhension, la peur. Que peut-on faire ? Comment se redresser et résister ? »
Éditer un livre devient alors un hommage, un geste, un moyen de combattre, de susciter la solidarité. Et la poésie, c’est probablement cette langue la plus propre à une culture – les poésies, en l’occurrence.
« Suite aux attaques du vendredi 13 novembre, notre maison – mobilisée avec la chaîne du livre et la Fondation de France – a mis en place la publication d’un petit recueil de poésie dont l’intégralité des recettes sera reversée aux établissements touchés directement. » Le livre sortira le 10 décembre en librairie, avec un objectif de 5000 exemplaires vendus, soit près de 35.000 €, nous explique l’éditeur.
« Les œuvres choisies appartiennent à tous, elles sont au cœur de notre culture. Et cette culture est notre meilleure alliée «
Peut-être parce qu’on associe – certainement pas abusivement ? – les poètes à la fête, voici que se joignent Charles Baudelaire, Joachim Du Bellay, Nicolas Boileau, Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, Victor Hugo, Juvénal, Hégésippe Moreau, Gérard de Nerval, Germain Nouveau, Ovide, Arthur Rimbaud, Albert Samain, René-François Sully Prudhomme, Émile Verhaeren et Paul Verlaine.
« Ce recueil convoque quelques poèmes pour leur faire écho et leur rendre hommage. Les œuvres choisies appartiennent à tous, elles sont au cœur de notre culture. Et cette culture est notre meilleure alliée », ajoute l’éditeur.
Le Contrepoint, maison indépendante de l’est parisien a choisi « de publier ce recueil de poésie pour aider la salle de concert, les bistrots et les restaurants de nos quartiers, directement touchés par ces attaques. Ces endroits dans lesquels, jusqu’à ce jour-là, on buvait du café et des bières, ces endroits où l’on mangeait, où l’on découvrait des artistes, ces endroits qui font l’âme de Paris. »
« L’urgence de ce livre répond à une autre urgence, celle de petites entreprises pour qui l’attente des dédommagements officiels peut engendrer de nombreuses difficultés supplémentaires. Ce n’est sans doute pas grand-chose au regard de tout ce qu’il faut reconstruire, mais chacun peut apporter une petite contribution, à son échelle. »
Le domaine public pour venir en aide, Victor Hugo aurait apprécié. Et pas avec un simple grognement dans la barbe.
MàJ :
Dans la presse, on fait état depuis quelques heures de la vente par le restaurant Cosa Nostra, d’une vidéo de caméra de sécurité, au Daily Mail pour un montant de 50.000 €, versés en liquide. Le Contrepoint nous a apporté à ce titre une précision.
« Nous sommes bien sûr au courant pour le patron de Casa Nostra. Nous ne pouvons qu’être très extrêmement déçus… Mais il devra en répondre devant la loi. En revanche il serait dommage que les agissements d’un seul individu puissent fragiliser cette démarche solidaire qui a toutes les raisons d’exister ; cela n’entame en rien sa nécessité. Par ailleurs, il est évident que la réversion des fonds dont se chargera la Fondation de France sera parfaitement transparente, et bien évidemment en conséquence… »