Ce qui s’est dit… le 30/12/2013
BFMTV rebondit sur l’avenir de Twitter
Twitter, ce monde mystérieux. Le réseau social né en 2006 s’est fait connaître, au fil des mois grâce à l’actualité comme l’arrestation de DSK ou par des personnalités people ou politiques comme Barack Obama, Valérie Trierweiler, Justin Bieber… Pour autant, que peut-on retenir des 500 millions de tweets échangés par jour? N’est-ce que la foire à la bonne blague, que de la communication bien orchestrée ou l’Histoire s’écrit-elle en 140 caractères? Cette dernière question est l’objet du dernier livre d’Olivier Tesquet, twittos et journaliste à Télérama. Interview.
Sur Twitter, tout semble éphémère. Qu’en retenez-vous, avec un peu de recul?
Twitter, c’est beaucoup d’écume. On a tendance à croire que c’est un instantané, du ressenti où l’on poste une humeur, une photo. L’idée du livre est de donner du sens, du contexte. Twitter, c’est la forme écrite qui s’approche la plus de l’oralité, c’est un média qui dit des choses. Il y a beaucoup de bruit, souvent assez négatif mais il est possible de la canaliser.
Vous pensez réellement que certains tweets vont marquer l’Histoire?
Les tweets ont tendance à tout mettre au même niveau. Parmi la masse de tweets, certains peuvent durer dans le temps. Par exemple, le réchauffement des relations entre l’Iran et les Etats-Unis, ça se fait en partie sur Twitter. On observe également une migration de la guerre de l’information entre la Palestine et Israël: Twitter devient un support important.
Après, est-ce que les tweets font faire émerger une Histoire avec un grand « H »? La question reste ouverte… On est dans une analyse encore à chaud, dans une historiographie événementielle. A voir comment les tweets résisteront au temps, s’ils auront toujours la même importance… L’avenir nous dira si Twitter a marqué l’Histoire.
Barack Obama, Nadine Morano, la police de Montréal ou Kanye West tweetent beaucoup. Quel est leur intérêt?
Pour les politiques, c’est un enjeu de communication assez clair, c’est comme la pratique du selfie par les stars hollywoodiennes… Cela leur permet de contourner les médias en communicant de façon désintermédiée. Pour Kanye West, par exemple, Twitter est un moyen de poursuivre son storytelling de façon très contrôlée.
Twitter, c’est l’endroit où il faut être aujourd’hui?
Les gens parlent de Twitter car de gros événements ont fait connaître Twitter au grand public. Aujourd’hui, c’est assez incontournable de savoir ce qu’est Twitter. Après, il faut savoir y mettre de la distance…
D’ailleurs, seuls 5% des Français sont actifs sur ce réseau social…
On dit que Twitter se développe mais ça reste un réseau de journalistes, de personnalités… Les ados, eux, ont bien compris l’intérêt du réseau. La communauté la plus structurée sur Twitter est les Beliebers (fans de Justin Bieber, ndlr). Ou les Directioners (fans des One Direction, ndlr), je ne veux me fâcher avec personne!
Twitter est souvent considéré comme un espace ou le « LOL » domine et où l’orthographe est malmenée, rien d’historique donc. Pourtant, Bernard Pivot y est très actif…
Pas mal de gens se sont accaparé le réseau pour jouer des mots. Beaucoup voient en Twitter une attaque de la langue française mais ce peut être aussi un grand terrain de jeu qui a pour contrainte le se limiter à 140 caractères, comme le fait Bernard Pivot en tweetant ses bons mots. Twitter reste avant tout ce que l’on en fait.
Que se passe-t-il sur Twitter qui ne se passe pas sur Facebook ou Instagram?
Sur Instagram, on est dans l’image, pas dans le mot. Twitter est le nouveau lieu d’interaction, du lien social. Ce que n’a pas Facebook, c’est que Twitter est public, davantage tourné vers l’extérieur. L’Histoire s’écrit-elle sur Facebook? La réponse est vite trouvée. Est-ce que notre vie personnelle s’écrit sur Facebook? Là, ça devient intéressant.
« Tweets: L’Histoire s’écrit-elle en 140 caractères? », par Olivier Tesquet et Christelle Destombes, éditions Contrepoint. 14,90€