Ce qui s’est dit… le 31/01/2017
« À quoi ressemblera la France du président Hamon en mai 2018? », Le Huffington Post le sait.
Depuis une semaine, les opposants au projet de loi sur l’euthanasie tapissent les villes et les gares d’affichettes sur lesquelles le chef de l’État apparaît en créature du docteur Frankenstein. Il faut avouer que la ressemblance est frappante entre Benoît Hamon et Boris Karloff, l’acteur américain qui a laissé l’interprétation la plus mémorable du monstre. Sous la tête du président, une accroche menace: « Non à la loi de la mort », signé par le Comité national contre l’euthanasie. Des militants du comité ont pourchassé toute la journée de lundi le président qui se rendait à Paray-le-Monial, à la veille du premier anniversaire du quinquennat.
Le déplacement en Bourgogne n’était pourtant pas lié au projet de loi controversé mais à la visite d’une exploitation prospère, née avec le quinquennat, à cinq kilomètres de Paray-le-Monial. C’est ici, sur les bords de la Bourbince, que mère Anne-Geneviève et les quatorze soeurs du Répit de Notre-Dame de la Contemplation produisent La bonne herbe du Répit, soit du chanvre indien, ou cannabis indica, autrement appelé herbe, marie-jeanne, haschisch, bref de la ganja. Mère Anne-Geneviève, hôtesse parfaite, a conduit le président à travers les carrés de culture, et malgré la vaste troupe des conseillers, des journalistes et des édiles, la sérénité des lieux a dominé sur l’agitation habituelle du cirque élyséen en tournée.
Sans qu’il soit possible d’affirmer si le profond calme émanait de la spiritualité des nonnes ou de l’odeur fraîche de la beuh encore sur pied.
Le président a improvisé un éloge de la petite entreprise et des nouveaux filons de croissance, sans oublier les vertus médicales de cannabis indica. Mère Anne-Geneviève a invité en retour le président à goûter la fameuse Bonne herbe du Répit, classée meilleur chanvre du monde par le magazine de référence The Denver Marijuana Review. Cette publicité inattendue a permis au couvent de vendre sa production à travers le monde après seulement neuf mois d’activité et d’être plus rentable, à surface comparable, que les meilleurs crus de Bourgogne. Les soeurs du Répit de Notre-Dame de la Contemplation ont en outre créé grâce à leur culture une centaine d’emplois dans le canton.
Après son éloge, il semblait impossible à Benoît Hamon de décliner la proposition de mère Anne-Geneviève. La religieuse a rappelé que le couvent était, parmi la douzaine de chanvrières autorisées par la loi, la seule à pratiquer la bio-culture. Soeur Marguerite-Marie de l’Enfant-Jésus a donc préparé le joint présidentiel de ses longs doigts souples puis l’a tendu au chef de l’État. Après quelques bouffées, le président a paru « bien » selon certains reporters présents, « déchiré », d’après un photographe.
Ce dernier témoignage paraît plausible. Sitôt les « surs chanvrettes » visitées, monsieur Hamon s’est rendu en ville où il devait entendre un rapport sur la mise en place du revenu d’existence en Saône-et-Loire, département pilote. Mais le président aurait eu une mauvaise réaction au chanvre inhalée, malaise peut-être lié à l’omniprésence des images de la créature de Frankenstein placardées dans les rues de Paray-le- Monial. Quoiqu’il en soit, la visite présidentielle a été écourtée.
Texte issu de l’ouvrage Les 30 Présidents auxquels vous avez échappé (sauf un), à paraître le 2 février (Prix 16 euros) aux Editions le Contrepoint. Illustration, Erwann Terrier.